La Commission européenne veut assurer à tous les Européens un accès rapide à internet, jusque dans les zones rurales, retirées et peu peuplées où elle mise sur des réseaux sans fil, dans des propositions qui doivent être dévoilées lundi.
Une mesure clé consiste à laisser dès 2013 des opérateurs télécoms utiliser une partie des fréquences servant aujourd’hui pour la télévision analogique, et libérées par le passage au numérique.
« Les Etats membres (de l’UE) rendront la bande des 800 mégahertz disponible pour les services de communication électroniques d’ici au 1er janvier 2013 », indique un projet de texte de la Commission européenne dont l’AFP a eu copie.
Quelques « dérogations spécifiques jusque 2015 » sont bien envisagées, mais seulement « dans des cas exceptionnels dûment justifiés par des raisons techniques ».
L’Allemagne l’a déjà fait cette année et la France s’y prépare pour l’an prochain, mais globalement les pays de l’UE traînent à allouer ces fréquences permettant de passer à la téléphonie mobile dite de quatrième génération (4G).
L’un des nouveaux services possibles, cher à Bruxelles, serait la création de réseaux à haut débit sans fil assurant l’accès rapide à internet dans les zones où l’installation de réseaux fixes à haut débit est difficile techniquement ou pas rentable financièrement.
« Le haut débit sans fil est un moyen important pour renforcer la concurrence, le choix des consommateurs et l’accès à internet dans les zones rurales », explique la Commission.
Sa proposition doit être entérinée par les eurodéputés et les gouvernements européens, ce qui laisse augurer de belles batailles.
Les opérateurs historiques de télécoms, réunis dans l’association européenne ETNO, se félicitent déjà d’une « opportunité unique ». Pour le directeur de l’ETNO, Michael Bartholomew, « ouvrir des fréquences supplémentaires pour des services mobiles à haut débit est essentiel pour combler le fossé numérique et pour satisfaire la demande en croissance rapide des consommateurs ».
Les radiodiffuseurs, actuels utilisateurs de ces fréquences, sont moins emballés.
L’Union européenne de radio-télévision (UER) argumente ainsi que les réseaux sans fils « ne sont pas une solution pour le haut débit dans les zones rurales », s’inquiète de possibles interférences et s’oppose à la libération à plus long terme de davantage de fréquences, une option pas exclue par Bruxelles.
L’internet rapide pour tous est un combat de la Commission, qui vise justement d’ici 2013 une couverture à 100% de l’UE pour le haut débit de base (de type ADSL) et a même lancé l’idée d’en faire un service universel.
En moyenne 94% des Européens y avaient accès fin 2009, mais dans les zones rurales ce chiffre tombe à 80% et il y a encore de grosses disparités selon les pays.
A horizon 2020, tous les Européens devraient bénéficier de vitesses de connexion encore plus rapides, d’au moins 30 mégabits par seconde, et un sur deux avoir accès à l’internet ultra-rapide (plus de 100 mbps) grâce aux réseaux de nouvelle génération en fibre optique, encore peu répandus et dont l’installation pourrait coûter entre 180 à 270 milliards d’euros.
Bruxelles ne mise donc pas uniquement sur les réseaux sans fil, mais veut aussi soutenir les investissements et la concurrence dans les réseaux fixes, selon deux autres documents qui seront publiés lundi.
Elle y fait des propositions sur les modalités de l’ouverture à la concurrence des réseaux de nouvelle génération, mais aussi pour réduire les coûts d’installation, en profitant des travaux publics pour poser les câbles par exemple, ou pour rationaliser les investissements, en ciblant les aides publiques sur les zones sous-équipées.
via AFP
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